Economie circulaire et marché du reconditionné
30 juil. 2024
Le Club de la durabilité, un réseau d’entreprises impliquées pour la transition vers des biens et services plus durables, a récemment publié son dernier rapport intitulé “Accélérer le réemploi et le reconditionnement en France”. Reconomia l’a étudié et en a tiré de très bonnes conclusions qu’il nous semble bon de partager, c’est pourquoi nous avons décidé de vous proposer une synthèse au travers de cet article ! Bonne lecture 🙂
MISE EN CONTEXTE
Avant toute chose, il est important de repréciser ce qu’est le réemploi. Ce terme englobe en effet 3 notions : la vente de produits de seconde main, le don et le reconditionnement. Vous l’aurez donc compris, le réemploi concerne une grande diversité d’acteurs, y compris Reconomia et très probablement vous !
Bien que les choses semblent aller dans le bon sens à ce sujet, les études mettent encore en avant une certaine crainte des consommateurs vis-à-vis des produits de seconde main. Les freins majeurs à l’achat de produits reconditionnés sont notamment la peur d’une durée de vie courte, des doutes sur leur fiabilité mais également la crainte d’un non-respect des garanties.
Face au neuf, la part du marché de l’occasion reste très faible (15% des ventes pour les smartphones reconditionnés et 1% pour les gros appareils électroménagers reconditionnés). Or, il est évident que, pour des raisons sociales, économiques et surtout écologiques, le réemploi doit se démocratiser !
POURQUOI FAVORISER LA SECONDE VIE ?
#1 : Pour une consommation plus durable
Selon l’ADEME (L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), ce sont plus d’1,4 million de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) qui finissent à la déchetterie chaque année. Concernant le gros électroménager, l’Agence a notamment recensé près de 995 000 tonnes de déchets collectés en 2021 (chiffre en augmentation constante !).
Dans un premier temps, le réemploi permet de prolonger la durée de vie des produits et donc d’éviter leur destruction, tout en limitant leur renouvellement et de fait, la production de nouveaux équipements ! Tout ceci contribue à diminuer l’impact environnemental des produits, la fabrication représente par exemple 75% de l’impact environnemental d’un produit électronique.
#2 : Pour une économie plus soutenable
Dans un second temps, le réemploi ouvre la voie au développement de modèles économiques plus soutenables et rentables. En effet, le reconditionnement permet notamment de créer de la valeur en évitant l’extraction et la consommation de nouvelles matières premières de la Terre, grâce au fonctionnement en “boucle fermée”. Or nous en sommes conscients, la raréfaction des ressources naturelles devient un sujet très préoccupant.
En parallèle un autre (très bon) constat se fait : la croissance rapide du marché de la seconde main ! Par ailleurs, 73% des Français.es ont acheté des biens reconditionnés ou d’occasion en 2023 d'après l'étude Novascope Seconde. La prise de conscience s’opère donc 🙂
#3 : Pour répondre aux enjeux de pouvoir d’achat des consommateurs
C’est aujourd’hui l’une des raisons principales qui pousse les consommateurs à se diriger vers des produits reconditionnés : l’opportunité de gagner en pouvoir d’achat ! Effectivement, dans un contexte d’inflation et de contraction de ce dernier pour une partie de la population, il s’agit là d’une énorme source de motivation (raison en tête des motivations qui poussent aux achats de seconde main). D’après l’association HOP, le reconditionnement peut permettre de démocratiser l’accès à des produits réparables dont le prix neuf est souvent un frein. Tout ceci en réduisant l’empreinte écologique !
#4 : Pour être en phase avec les nouvelles incitations et obligations légales
En février 2020, la loi AGEC (Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire) a été adoptée en vue d'accroître la transition du modèle de production et de consommation à travers 5 axes principaux.
Cette loi impose entre autres la reprise de certains produits pour les distributeurs afin de limiter les déchets et de favoriser leur reprise, réemploi, réutilisation ou recyclage en fin de vie. En 2023, les entreprises concernées par les reprises (1 pour 1 ou 1 pour 0) sont nombreuses et dans divers secteurs : mobilier, équipements, décoration textile, jouets...
Cette obligation de reprise doit mener à l’augmentation des volumes de biens collectés pour qu’ils soient ensuite revalorisés par le biais du réemploi, de la réutilisation et du recyclage.
QUELS SONT LES OBSTACLES AU DÉVELOPPEMENT DE LA SECONDE VIE ?
#1 : Des freins liés au modèle économique
La concurrence de produits neufs à très bas prix, peu durables et réparables. Cela mène à une augmentation du coût de reconditionnement car : les produits sont difficiles à démonter et il n'y a aucun accès à la documentation technique ainsi qu’aux pièces détachées. Le coût de reconditionnement est alors moins intéressant face au prix de rachat du neuf.
Une réglementation peut-être pas assez ambitieuse et incitative vis-à-vis de la réparabilité.
La concurrence de certains produits vendus à perte et compensés par la vente de consommables, notamment les imprimantes.
L'obsolescence culturelle, lorsque la sortie de nouveaux modèles est trop fréquente et induit un renouvellement rapide, faisant baisser rapidement le prix des gammes précédentes qui concurrencent les prix du reconditionné.
L’obsolescence des technologies et pièces détachées.
#2 : Des freins liés aux collectes de produits hors d’usage
La compétition entre les différents acteurs pour accéder aux gisements.
Le très faible taux de réemploi des produits collectés par les éco-organismes (1,3% de la collecte initiale) dû à un cahier des charges peu ambitieux.
Les mauvaises conditions de collecte des produits hors d’usage
Pour le gros électroménager : Les coûts additionnés de collecte, reconditionnement et de fonctionnement des reconditionneurs qui ne doivent pas dépasser le prix du panier moyen de revente d’une machine reconditionnée poussent à ne sélectionner et reconditionner que les produits haut de gamme pour augmenter le panier moyen de revente. Ca n’aide pas non plus d’un point de vue environnemental car cela exclut un grand nombre de machines du marché du reconditionnement.
Des difficultés à déterminer le bon prix de rachat des produits
#3 : Des freins liés aux pièces détachées pour le reconditionnement
Pièces indisponibles et/ou trop chères : dans le secteur du gros électroménager en particulier, la somme des prix de toutes les pièces détachées présentes dans une machine peut représenter 5 fois le prix de la machine neuve !
Pièces avec des niveaux de technologies très complexes.
Absence de bases de données publiques indiquant les compatibilités entre pièces détachées de différents constructeurs : les réparateurs se retrouvent à gérer une logistique importante pour créer leur propre base de données et référencement de pièces : c’est aussi là que Reconomia peut intervenir 😉.
#4 : Des freins liés à l’absence de référentiel pour assurer la qualité du reconditionnement
Réglementation floue sur les tests devant être effectués sur les produits reconditionnés : évaluations de la qualité différentes et donc manque d’harmonisation sur les “grades”.
Manque de transparence sur la provenance et sur les opérations effectuées, ce qui altère la confiance des consommateurs (frein pour 25% des Français.es).
#5 : Autres freins
Freins culturels des consommateurs : acheter du reconditionné peut être associé à un certain “déclassement” social vs. l’achat du neuf plutôt perçu comme signe de “richesse” car les produits sont plus “originaux”, “innovants” ou “tendances”.
Freins culturels des entreprises, collectivités et institutions.
Les questionnements des distributeurs de produits neufs sur la façon d’inclure, de gérer et commercialiser les produits reconditionnés. C’est aussi là que nous intervenons ! Les distributeurs partenaires Reconomia, eux, sont bien décidés et guidés 😉.
MAIS ALORS, QUELS ENJEUX ET PROSPECTIVES ?
Nous l’avons compris, bon nombre d’enjeux existent sur le sujet de l’économie circulaire et du réemploi de biens hors d’usage.
A ce titre, nous pouvons terminer sur une liste non-exhaustive de “bonnes pratiques” et de prospectives pour l’avenir…
La seconde vie doit être au coeur de la stratégie des entreprises.
La collecte et l’accès aux gisements doivent être facilités, et chez Reconomia, on est là pour ça !
Les consommateurs doivent être accompagnés et sensibilisés sur l’entretien de leurs appareils.
La formation des réparateurs/reconditionneurs.
Obtenir des labels ou certifications pour harmoniser les processus de reconditionnement.
Proposer de la pédagogie autour des enjeux sur le réemploi/reconditionnement pour accompagner la vente de produits reconditionnés (communication, formation, relation client…).
Assurer une expérience client et une garantie similaires à celle pour les produits neufs.
L’indice de durabilité, ainsi qu’un nouveau règlement européen devraient cadrer les acteurs du réemploi et du reconditionné, tout en fixant des obligations.
Une amélioration des conditions de stockage et de collecte des produits hors d’usage, en particulier pour le gros électroménager.
Une amélioration de l’accès aux pièces détachées/pièces d’occasion.
Le développement des offres de seconde vie des fabricants et distributeurs.
Une uniformisation de la définition du reconditionnement et une harmonisation des référentiels de qualité de produits reconditionnés (création d’un consortium à cet égard en 2022)..
Éclairer les consommateurs sur les impacts de la surconsommation, sur les bienfaits de la seconde vie.
Et bien d’autres…
En somme…
Le Club de la Durabilité, via son rapport, explore de façon très claire tous les tenants et aboutissants du reconditionnement et du réemploi en France à l’heure actuelle et à l’avenir. Nul doute que ces sujets vont croître et prendre de l’ampleur dans les mois et années qui arrivent ! Une chose est sûre, Reconomia est et sera là pour mener la bataille vers une société plus consciente, responsable et durable pour tous 🙂